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Quelles différences entre allergie, intolérance ou hypersensibilité alimentaire?
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Allergie, intolérance alimentaire, hypersensibilité alimentaire. Autant de terminologies à ne pas mettre dans le même panier explicatif. On fait le point sur ce qu’elles recouvrent précisément, ce qui les déclenche, comment les détecter et comment les traiter.
Sommaire
Le système immunitaire
Le système immunitaire, c’est l’ensemble des tissus et des cellules permettant de réguler les échanges du sujet avec son environnement et de le protéger, notamment lorsque cet environnement est identifié comme nocif et qu’il pénètre dans le milieu intérieur.
Pour chaque type d’agent reconnu comme nocif par le corps et contre lequel il doit se défendre, il existe une voie spécifique. Notons que l’agent recherché et qui sera reconnu par le système immunitaire est toujours une protéine.
Chaque entité vivante est constituée de protéines. Lorsque que deux entités vivantes se rencontrent, il se produit un jeu de reconnaissance à travers des protéines spécifiques. Cette reconnaissance permet aux humains de contrôler ce qui entre dans le corps et d’activer si nécessaire le système de défense adapté.
Déclenchement de l’allergie, intolérance et hypersensibilité alimentaire
A. Allergie et hypersensibilité alimentaires
Le tableau ci-dessous démontre que l’allergie et l’hypersensibilité alimentaires sont activées en réponse à la signalisation de protéines alimentaires jugées nocives par le corps.
Dans l’appareil digestif, de la bouche jusqu’au rectum, se situent la plus grande quantité de cellules immunitaires du corps.
Comme expliqué plus haut, tout aliment est constitué de protéines et cela quelle que soit sa catégorie (légume, fruit, viande, poisson). C’est ainsi que pour certains individus, la réponse immunitaire au contrôle sera positive en induisant soit une réponse de la voie allergique, soit une réponse de la voie du complément.
a. Allergie
La réaction allergique est une réponse immédiate, excessive et dite inadaptée du sujet face à un élément de l’environnement a priori non-toxique. On ne peut que difficilement s’y soustraire. Elle va se mettre en place dès les premiers centimètres de l’appareil digestif. C’est pourquoi, les allergies et leurs conséquences les plus graves, le choc anaphylactique, s’observent souvent au niveau de la zone ORL. Ici, les cellules immunitaires fabriquées sont les immunoglobuline de type E, IgE.
b. Hypersensibilité
La réaction d’hypersensibilité peut se mettre en place alors que la voie de l’allergie n’a pas été activée au cours du transit digestif.
Les cellules immunitaires de la voie du complément circulent dans le sang. Ce qui signifie que l’hypersensibilité alimentaire concerne une protéine alimentaire qui n’a pas été reconnue comme allergisante lors de son transit dans l’appareil digestif mais qui, une fois dans la circulation sanguine, est réputée nocive par la voie immunitaire circulante. Ici, les cellules immunitaires fabriquées sont les immunoglobulines de type G, IgG.
Comment cette protéine a-t-elle pu se retrouver dans la circulation sanguine ? Ce cas est facilité lors des hyperméabilités digestives :
Au fil du temps, cette activation mineure mais constante du système immunitaire va augmenter sa réponse qui se chronicise et devient de plus en plus importante. On va induire un état inflammatoire chronique, causant des troubles gastro-intestinaux, systémiques, psychologiques (par carences liées à l’HPI), cutanés, de plus en plus perceptibles et qui finiront aussi par se chroniciser.
B. Intolérance alimentaire
L’intolérance alimentaire ne concerne jamais une protéine, ce qui explique qu’elle ne met pas en jeu le système immunitaire.
Elle est liée à un déficit de production d’une enzyme indispensable à la métabolisation / à l’utilisation d’un nutriment chez le sujet. Il arrive que des nouveaux nés ou des adultes ne puissent pas consommer du lait « classique »; il est alors très aisé de leur proposer du lait sans lactose qui est en fait du lait supplémenté en lactase, l’enzyme responsable de la digestion de ce sucre.
Ce déficit cause une incapacité chez le sujet à prendre en charge la métabolisation / l’assimilation d’un nutriment. Ici, il sera possible, soit d’exclure les aliments contenant les nutriments non métabolisables, soit parallèlement à l’ingestion, de se supplémenter en enzymes spécifiques.
Tableau récapitulatif des différences entre allergie, intolérance et hypersensibilité alimentaire :
Combien de temps après l’ingestion ? | Symptômes | Système physiologique mis en jeu | Exemples | Quelle prise en charge ? | |
---|---|---|---|---|---|
Allergie pouvant conduire au choc anaphylactique | Quelques secondes à 30 minutes | Urticaire, œdème, rougeur, larmoiement, difficultés respiratoires | Immunitaire, la voie Th2 liée à la réponse allergique | Fruits de mer, Fruits à coques | Antihistaminique |
Intolérance | 30 minutes à 2 heures | Gastro-intestinaux ou sur d’autres appareils tel que respiratoire… | Enzymatique | Lactose | Exclusion, Supplémentation en enzymes digestives |
Hypersensibilité | 3 heures à plusieurs jours | Signes chroniques qui s’installent dans le temps | Immunitaire | Gluten, Protéines de lait | Médecines douces car, non-encore reconnue par la médecine allopathique |
Comment détecter et traiter l’allergie, l’intolérance et l’hypersensibilité alimentaire?
L’allergie s’objectivera aisément par un test des IgE correspondant à l’aliment soupçonné. Ce test est réalisable dans tous les laboratoires classiques. Il faudra ensuite mettre en place un plan d’alimentation spécifique excluant les allergènes et, en général, il est recommandé de toujours porter sur soi un médicament antihistaminique en cas d’ingestion accidentelle de l’allergène. D’ailleurs, pour les aliments, on parle de trophallergènes.
Pour détecter une intolérance ou une hypersensibilité alimentaire, il existe des laboratoires spécialisés qui pratiquent des bilans biologiques de micronutrition.
L’intolérance se confirmera ensuite par un test d’exclusion de l’aliment soupçonné.
L’hypersensibilité, elle, se teste en dosant le taux des IgG globales présentent dans le sang. Suivant le taux faible, moyen ou élevé, on pourra considérer :
- (0-9,99 μg/mL : pas d’intolérance (non-élevée)
- 10-19,99 ug/mL : intolérance (élevée)
- >20 μg/mL : forte intolérance (très élevée)
et adapter son alimentation en fonction.
Une fois l’hypersensibilité objectivée, il faut exclure l’aliment et attendre au moins 8 semaines tout en réparant la barrière intestinale par des compléments alimentaires adaptés.
Conclusion
Il est donc finalement assez simple de différencier ces 3 réactions physiologiques.
L’allergie et l’hypersensibilité alimentaire font intervenir une protéine alimentaire qui sera reconnue comme nocive pour le corps par le système immunitaire alors que l’intolérance alimentaire est liée à un défaut d’une enzyme indispensable à la métabolisation d’un nutriment.
Seule l’allergie présente un risque vital immédiat et, à ce titre, est dans la grande majorité des cas reconnue et prise en charge.
L’hypersensibilité et l’intolérance sont moins bien connues et moins « graves » que l’allergie mais elles sont sources de douleurs, d’inconforts et de mal-être au quotidien pour un grand nombre d’entre-nous (la majorité ne sachant même pas que leurs inconforts sont liés à une hypersensibilité ou une intolérance alimentaire !).
La sensibilisation de la population à ces deux dernières réactions est donc un enjeu essentiel.
Auteur : Calvine TONGA, naturopathe certifiée FLMNE, Paris